XXXXII
Thrace de quiétude au soleil
Ce
pays est sûrement l’endroit o`u l’on se sent le plus authentique.
Comme si chaque instant était un moment privilégié
dans un temps montrant sa consistance mais aussi sa folie
dérangeante.
Furtivement. . . par moment, ici le corps se désincarne,
flottant sur de petites vaguelettes aux parfums de musc,
d’origan et de senteurs d’olives.
Au moment où ses mots sont écrits, les oiseaux piaillent,
l’air est ouaté, le soleil darde la fenêtre, le souffle
d’un vent léger se transforme en caresse, de rares insectes
vrombissent et la moiteur s’installe.
Quelques souvenirs surgissent ça et là, engrangés
dans une besace aux allures de pensive : un phare comme un
étendard, une grotte où un être mythologique
s’embourba dans un piège savant, un marché coloré
et un souk dérangeant, une mosquée resplandissante et une
grotte mystique, un feu virevoltant aux accents d’immortalité,
un journaliste de Sud-Ouest, une météorite qui plonge sur
l’horizon, une plage déserte, difficile d’accès tel un
écrin, préservant
une eau limpide et un sanctuaire de cailloux aux formes oblongues et
mystérieuses, une commerçante enceinte qui montre ses
sandales avec fierté, un chanteur à allure de sioux qui
inspire la foule et la fait chavirer dans un élan fraternel, des
enfants aux prénoms d’un autre temps, Arslanzade aux senteurs
d’Orient, des fruits chargés d’eau, du fromage chypriote et des
chansons nostalgiques. . .
Dans ce fourmillement de sens et d’émotions, comment expliquer
ce sentiment de quiétude ?
Les racines méditerranéennes, l’ancre jetée, la
collusion de la pensée et des paysages ?
La fraternité, l’amitié et le partage?
Le sens du religieux inspiré des premiers temps où nulle
institution ne dogmatisait les idées ?
Le sentiment de communier et de sentir son âme vibrer.