Histoires de Chastenberg


XXXIX


Le Jaxopithèque et son palefroi


     Il était une fois un rivage irisé, tel un paillon pour nymphéas nyctalopes et un palefroi noctambule qui venait d'on ne sait où. Les mouettes laineuses réapparaissaient annonçant les vicissitudes d'un hiver rude, rabelaisien et nébuleux.

    Bien sûr, on était loin des frissons du
Quttinirpaaq mais ces frimas avaient tendance à bloquer les mandibules de ces oiseaux migrateurs venus du Cercle Polaire. Ils arrivaient en ces contrées inhospitalières, recherchant leur seule nourriture : le cresson bleu.

    Pour cette raison, bon nombre de défenseurs des animaux polaires se retrouvèrent sur les rochers, pinceau à la main, pot de peinture à leurs pieds,  badigeonnant largement du cresson sauvage de rivière. Cresson sec et opalin, bien entendu.

    Superbe spectacle de solidarité et d'art maritimopestre !

    Observer ces oiseaux décharnés par le long voyage, affamés et souvent déplumés, nous rappellaient ces jours où le Pôle Nord Magnétique se situa sur Maubeuge, et où  les moindre écarts de température furent analysés par les chercheurs de l'INRA comme une entorse à la Loi de Képler. Dramatique quête de sens.

   A cette époque, notre personnage recherchant le Nord en région parisienne, s'était  retrouvé en Gelbique face à un compteur geiger et à une camionnette de dératisation qu'un autochtone avait soigneusement arraisonnée pour une expédition trans-saharienne. Mais cela est une autre histoire que nous raconterons peut-être un jour si quelques internautes le demandent en écrivant à cette adresse : achastenberg@free.fr et en notant dans le sujet de leur message : "Je vote [OUI] pour connaître la superbe histoire du compteur geiger et de la camionnette de dératisation soigneusement arraisonnée pour une expédition trans-saharienne"

     Revenons plutôt à notre récit.

    Au coin d'une rue, il était tombé nez à nez sur un cas unique dans son genre : un Jaxopithèque.

    Flash-back

    Le Jaxophithèque avait été découvert sur les sommets autrichiers de l'Eiger, un soir de pleine lune.

    Réchauffé par une équipe scientifique du CERN qui passait par là, il était devenu une sorte de fossile vivant d'une époque révolue où les pingouins du Sud de la Nouvelle Angleterre, voletaient encore en troupeaux circulaires, combinant  pirouettes graciles et coups de becs rapides et claquant telles les serpes des vignerons périgourdins lorsque les grapillons tombent dans les tonnelets à agappes.

    Réveillé, il raconta, dans un jargon combinant le clapotement guttural de la langue à l'onomatopée cryptique du Nord de L'Eider, une histoire où le lait aigri était assimilé à une sorte de fromage salé à forte odeur de cétacées. Les experts analysèrent cette histoire, à la façon de Jung et de Freud. Ils interprétèrent cette parabole salaisonnières comme une frustration d'un ambidextre pédestre. En effet, celui que l'on identifia comme un Jaxopithèque, était capable d'avancer, non pas pied droit - pied gauche mais pied droit ou gauche, pied gauche ou droit. C'était hallucinant de virtuosité !

    La fouille systématique de la cavité buccale de l'individu deshiberné permit d'identifier son alimentation. Elle était essentiellement herbivore bien que quelques détritus d'aliments carnés furent retrouvés entre deux molaires. L'identification de ces aliments est en cours d'examen, mais les spécialistes s'accordent à penser qu'il s'agirait vraisemblablement de gratinade de lapereau à la crème de cassis, signe que le bougron était gastronome !

    A l'issue de tests approfondis et après une longue polémique (dont nous tairons les motifs inavoués) un article paru dans 'Nature' apporta une conclusion définitive :  le Jaxopithèque était désormais identifié comme le chaînon manquant entre l'homo-débilicus contemporain et l'homo-erectus-primo-infectionnalus.

    Immense découverte pour la science frigoriste !

    Plus tard...

    Il rencontra très vite en hypotaupe une belle geek conchylicultrice et procréa aussitôt. Ainsi la descendance fut assurée auprès de la Loyd Compagnie, et comme il révéla très vite des dispositions plus qu'intéressantes pour les langages clopoteux et les idiomes cryptiques, il s'intégra avec bonheur dans la société civile et devint programmorpheur de réseaux brûmeux.

    Ainsi vécut le Jaxopithèque.

    Pour ce qui est de son palefroi, il en sera question dans un autre article où il sera question de combats au Moyen-Age, de palefreniers et de pie-grièche mandarinale.

    So long...

   


   

                                



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Dernière mise à jour : 07 12 2002 Valid HTML 4.0!