Il
était une fois un rivage irisé, tel un paillon pour
nymphéas nyctalopes et un palefroi noctambule qui venait d'on ne
sait où. Les mouettes laineuses réapparaissaient
annonçant les vicissitudes d'un hiver rude, rabelaisien et
nébuleux.
Bien sûr, on était loin des frissons
du Quttinirpaaq
mais ces frimas avaient tendance à bloquer les mandibules de ces oiseaux
migrateurs venus du Cercle Polaire. Ils arrivaient en ces
contrées inhospitalières, recherchant leur seule
nourriture : le cresson bleu.
Pour cette raison, bon nombre de défenseurs
des animaux polaires se retrouvèrent sur les rochers, pinceau à la
main, pot de peinture à leurs pieds, badigeonnant
largement du cresson sauvage de rivière. Cresson sec et opalin, bien
entendu.
Superbe spectacle de solidarité et d'art maritimopestre !
Observer ces oiseaux décharnés par le
long voyage, affamés et souvent déplumés, nous
rappellaient ces jours où le Pôle Nord Magnétique se
situa sur Maubeuge, et où les moindre écarts de
température furent analysés par les chercheurs de l'INRA
comme une entorse à la Loi de Képler. Dramatique quête de sens.
A cette époque, notre personnage recherchant le Nord en
région parisienne, s'était retrouvé en
Gelbique face à un compteur geiger et à une camionnette
de dératisation qu'un autochtone avait soigneusement
arraisonnée pour une expédition trans-saharienne. Mais
cela est une autre histoire que nous raconterons peut-être un
jour si quelques internautes le demandent en écrivant à
cette adresse :
achastenberg@free.fr
et en notant dans le sujet de leur message : "Je vote [OUI] pour
connaître la superbe histoire du compteur geiger et de la
camionnette de dératisation soigneusement arraisonnée pour une expédition trans-saharienne"
Revenons plutôt à notre récit.
Au coin d'une rue, il était tombé
nez à nez sur un cas unique dans son genre : un
Jaxopithèque.
Flash-back
Le Jaxophithèque avait été
découvert sur les sommets autrichiers de l'Eiger, un soir de
pleine lune.
Réchauffé par une équipe
scientifique du CERN qui passait par là, il était devenu
une sorte de fossile vivant d'une époque révolue
où les pingouins du Sud de la Nouvelle Angleterre, voletaient
encore en troupeaux circulaires, combinant pirouettes graciles et
coups de becs rapides et claquant telles les serpes des vignerons
périgourdins lorsque les grapillons tombent dans les tonnelets
à agappes.
Réveillé, il raconta, dans un jargon combinant le clapotement
guttural de la langue à l'onomatopée cryptique du Nord de
L'Eider, une histoire où le lait aigri était
assimilé à une sorte de fromage salé à
forte odeur de cétacées. Les experts
analysèrent cette histoire, à la façon de Jung et
de Freud. Ils interprétèrent cette parabole
salaisonnières comme une frustration d'un ambidextre
pédestre. En effet, celui que l'on identifia comme un
Jaxopithèque, était capable d'avancer, non pas pied droit
- pied gauche mais pied droit ou gauche, pied gauche ou droit.
C'était hallucinant de virtuosité !
La fouille systématique de la
cavité buccale de l'individu deshiberné permit
d'identifier son alimentation. Elle était essentiellement
herbivore bien que quelques détritus d'aliments carnés
furent retrouvés entre deux molaires. L'identification de ces
aliments est en cours d'examen, mais les spécialistes
s'accordent à penser qu'il s'agirait vraisemblablement de
gratinade de lapereau à la crème de cassis, signe que le
bougron était gastronome !
A l'issue de tests approfondis et après
une longue polémique (dont nous tairons les motifs
inavoués) un article paru dans 'Nature' apporta une conclusion
définitive : le Jaxopithèque était
désormais identifié comme le chaînon manquant entre
l'homo-débilicus contemporain et
l'homo-erectus-primo-infectionnalus.
Immense découverte pour la science frigoriste !
Plus tard...
Il rencontra très vite en hypotaupe une belle geek conchylicultrice et
procréa aussitôt. Ainsi la descendance fut assurée
auprès de la Loyd Compagnie, et comme il révéla très vite des
dispositions plus qu'intéressantes pour les langages clopoteux
et les idiomes cryptiques, il s'intégra avec bonheur dans la
société civile et devint programmorpheur de réseaux
brûmeux.
Ainsi vécut le Jaxopithèque.
Pour ce qui est de son palefroi, il en sera question
dans un autre article où il sera question de combats au
Moyen-Age, de palefreniers et de pie-grièche mandarinale.
So long...