En observant
avec attention une pendulette, Chastenberg découvre la pesanteur.
Il contemple les aiguilles, inertes mais mobiles, comme relatives.
A chaque pas qu’il fait, il lutte consciemment contre la gravité,
la gravité de la situation, le vide est attiré par le sol,
le choc violent du pied sur l’asphalte, le feed-back du trottoir, la secousse
qui remonte le mollet, la jambe, la hanche et qui percute en bout de course
l’œil. Obstacle naturel, dernière fibre élastique du corps.
Alors la chaleur produite par l’impact s’irradie dans toute la chair,
file, file , file, de sorte qu’elle surgisse le long de la moelle épinière
puis des contrefins des artères jusque vers les mollets. Le pied
se soulève, le buste s’incline.... et il marche, trottine, galope,
volette !
A chaque fois, une nouvelle émotion, une surprise réinventée,
une émouvante maîtrise des sens.
Chastenberg marche.
Il marche scientifiquement, comme un théorème vivant.
Il est une identité entièrement vérifiable et non
hypothétique