Minuit moins une : Année
du Pâtre Imoine, minuit une : l’ An Pagne.
Deux heures du matin : rebelotte il pleut !
Bruits mats de gouttes d’eau sur la vitre de la chambre.
Il pleut. Chastenberg est ennuyé, il n’aime pas : “quand il pleut”,
il est mal, il jure. Par contre, il aime “ comme il pleut” et aussi “ pourquoi,
pleut-il ?”, bien que “ s’il pleut” le fasse doucement rigoler. Comment éviter
d’être triste ? Pourquoi vivre un être triste ?
Un seul moyen : bander un arc !
Bander un arc joyeusement !
Le bander lourdement comme quand on est triste
d’être triste.
Deux heures quinze minutes plus tard...
Chastenberg évoque quelques images ésotériques.
Il pense à Andrianapoulos, sa disparue, ses dessous blancs de pieds
ou pieds de poule il ne sait plus, surtout adroit. Etre gauche et triste.
Le fait d’évoquer le pied droit d’Andrianapoulos,
son odorante lui fait irrésistiblement penser aux pieds et paquets
de sa voisine, surtout aux paquets, avouons le, brave Chastenberg ! Sa voisine,
la souriante Zorbina la Grecque, son nombril persillé, ses fesses
genre : goûtez à la Poire Williams qui est dans le bocal !, ses
joues ou plutôt ses basses joues comme un sauté de veau mariné
dans de la sauce béchamel, sa courbe de hanche comme une courgette
farcie.
Ca y est !
Du coup, le hasard faisant bien les choses ( ah ? Les choses de Zorbina
! Les choses ? )
Du coup, disais-je, il ne pleut plus.
Mais il pleut au-dessus de la tête de Chastenberg, il en est très
ennuyé ... il se sent mouillé... mais enfin, CELA NE L’ATTRISTE
PLUS !
Il a sommeil maintenant. Il se dirige vers la cuisine, se prépare
une tasse d’ eucalyptus Blisfour, la tasse chaude du chaud latin et se couche.
Et hop ! Il dort.
Heureux.