Histoires de Chastenberg


VIII


Chastenberg show.


Chastenberg rentre chez lui, il vient d’acheter en passant, le journal du soir. Il s’installe sur le grand canapé du salon, met un disque sur sa chaîne HI-FI Blisfour, choisit le Requiem Moldève de Simundsen Bastoldi, plus spécialement le lacrymosa ( histoire de se détendre ) et se prépare un grand verre de Ting, la boisson aux pastèques. Ensuite, il approche un petit pouf à dentelles zébrées, allonge ses jambes et entame la lecture de son quotidien préféré “ The Dailly Blisfour” ( en langue anglaise ).

Instant de satisfaction contenue ... tout savoir sur le monde de son fauteuil, incroyable, érudition divine et universelle.

Il déchire la première page et fait une cocotte en papier.

Avec la deuxième page, il confectionne un avion, un chapeau avec la troisième, une salière avec la page 4, ainsi de suite jusqu’à extinction des feux.

Chaque jour que Dieu fait, après avoir reconstruit les nouvelles, il prend un bain.

Il laisse couler l’eau dans sa baignoire noire 3 heures et s’en prend plein la mistoufette ( la mistoufette est au corps ce qu’est le goulasch au mitonné... sacerdotalement parlant bien sûr. Par jour de pluie, ( et c’est prouvé ) la mistoufette peut ( si le temps s’y prête) atteindre le haut du dos sans s’aider des mains, parfois, (mais c’est plus rare) devenir violette puis carmin jaune d’or ( je ne l’ai vu faire que deux fois dans mon existence ( c’était beau ( en été ( il y a deux ans ( où en suis-je avec ces parenthèses ?) ) ) ) ) ), cela est très cocasse, surtout pour son miroir ( encore là celui-là ! ) et de plus c’est à chaque fois un plaisir renouvelé quand il tourne le glouton de la salle de bain.

Depuis 2 jours, il ne pense plus à Andrianapoulos, sa lointaine et friable. Pour cela, il se vide tous les matins le cerveau, avec une seringue en porcelaine à encéphale. C’est très bien que cela soit ainsi ( soit -il ? ).
Après avoir effectué ses ablutions nocturnes, il écrit sa prochaine conférence.

Sujet : Les doigts de pieds des mongoles ambidextres de Papouasie Nouvelle Guinée. Sujet captivant s’il en est.

Il en est !

Ce soir, il a envie de rire alors il pleure à s’en faire péter la mâchoire. Il fait des imitations : il commence ( c’est hilarant rien que d’y penser ) par celle du cobra du Japon lorsqu’il sautille sur son ventre pour faire croire qu’il claudique ( l’effet burlesque est surprenant ), puis avec prudence ( car elle est plus savante ) il fait celle du crocodile nain de Cuba ( plus intellectuelle puisque l’animal est sensé respirer par deux fois avant de se fondre dans le glauque repaire de son hivernage ).

Enfin ( et là j’en ris déjà ) il susurre l’imitation de la chauve-souris lorsqu’elle pond son seul œuf ( il connaît parfaitement son sujet, son verbe et son complément d’objet direct ).

Ayant pas mal ri, il sourit, ricane, glousse, s’exclaffe et pouffe.

Il se couche et s’endort, et rêve ....

Un poisson doré embrasse une cigogne ( rêve parnassien ? ), des boules mauves défilent et se dirigent vers la ligne d’horizon.... Elles grossissent et s’assombrissent ( Univers à la Folon )...

Un œil
Les boules ?
Iris démesuré comme une planète

Eau
Rivage ?
Odeur d’iode et de sel aromatisé

C’est rugueux et duveteux à la fois comme des plumes de métal

Une musique envahit tout...

Le bruit des vagues s’en mêle ( le vent marin sang mêlé ?)
Le froissement des feuilles sous les pas

Chastenberg se réveille
La nuit a été calme.





Dernière mise à jour : 12 janvier 2002 Valid HTML 4.0!