Chastenberg se dirige vers la grande armoire, ouvre la porte de droite ( celle qui grince ), sous la pile de draps blancs il réussit à dégager une petite boîte métallique ( blanche ). Il la saisit entre les mains, puis se dirige vers la chambre.

Première étape : Là, il s’allonge sur son lit rond et prenant du papier à cigarette dans une main, il ouvre la petite boîte ( celle-ci contient de la compote de pommes, de la libanaise, on le saura plus tard) et commence alors méthodiquement à étaler de la compote ( voilà ) et du tabac sur un morceau de papier-cigarette. Il va très doucement, il ne s’agit pas de perdre la moindre miette de compote ( alors ?) !

Voilà !

L’opération est presque terminée... il colle d’un coup de langue... sa cigarette est prête à fonctionner.

Deuxième étape : il confectionne un petit filtre pour ne rien perdre de la longueur de la cigarette. Il prend pour petit filtre, une nouille enrichie Blisfour “ la nouille qui colle aux dents, pas aux doigts !”
Maintenant, il se prépare.
Il ferme les yeux et pense..
A sa vie...
Il allume la cigarette, et pratique de longues aspirations...
Cela est bon.
En plus ça a le goût de pomme !

Troisième étape : Il commence à voir des images dans sa tête :
Un robinet qui danse une valse avec une fleur de tournesol
Un esquimau qui valse une danse avec une aborigène d’Australie naine
Un cafard écrasé contre une vitre lézardée
Un éclair cueillant du gui en fleur
Un café orange passant au rouge vert, le tout sur un arc-en-ciel mono-couleur
Un curé de campagne et un petit chaperon gris
Les grands poucets et l’ogre de barbarie
Un éléphant qui trompe énormément
Un œuf
Un œuf dans un œil
Puis en écho, un œil dans un œuf
En répétition phonique, un neuf dans l’œil de l’œuf
Enfin, pour changer une poule sur un mur qui se goinfrait de pain dur
Un saucisson à l’ail, au persil et à la menthe
Du maroile mariné et du saumon saumâtre
Enfin, un livre de cuisine dans un jardin très épatant, pittoresque et patent.

Les images vont et viennent dans sa boîte crânienne, soudain...

Alice ? Non, il pense à Andrianapoulos, sa touriste. Il voit les plages du Koweït, avec leurs châteaux de sable gigantesques, il voit Tunis, Casablanca et Anduze, il sent l’air frais lui fouetter le sourcil, sado-masochistement.
C’est captivant, Il se baigne maintenant dans le Sahara (qui a l’odeur du Gange), avec Andrianapoulos, sa vie... 

Soupir. Chastenberg se rendort.